Orgueil et humilité de l'acteur

Publié le par Jef

Michel-Bouquet.jpgComédien, dans le sens de Dullin et de Jouvet, qui sont pour moi des maîtres, cela veut dire un homme qui se prête à d'autres. Qui recherche le changement de personnalité, qui ne veut surtout pas être fidèle à lui-même, mais au personnage qu'il va interpréter. Le partenaire du comédien, c'est l'auteur. Un acteur, c'est quelqu'un qui se sert de lui-même, qui est à lui-même son propre partenaire. C'est donc assez différent.
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Le péché mortel de l'interprète, c'est de croire qu'il peut être créateur. L'idéal serait que le comédien ne crée pas, qu'il ne crée rien, qu'il soit la victime.
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La plupart des metteurs en scène parlent trop de la chose que l'on est en train de faire, et tuent ainsi toute possibilité de miracle avec le rôle.
Parce que la psychologie n'est que la première marche de l'escalier qui mène au personnage : il y en a beaucoup d'autres à gravir. Si on en reste à la psychologie, c'est le Larousse illustré, ce n'est pas intéressant. La recherche du personnage, c'est toujours un mystère.
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C'est tout ce qui échappe à l'acteur qui fait le grand acteur. Ce qu'il n'a pas prévu, ce qui l'étonne. Parce que, dans ce cas, le personnage gouverne. Les personnages que l'on gouverne trop ne sont pas bons...


Extraits d'un entretien avec Michel Bouquet, paru dans Le Monde en décembre 2006

Publié dans Coups de coeur

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