L'appartement de la rue Marchienne

Publié le par Jef

L'appartementLa lumière jaune dans l'appartement créait une ambiance chaleureuse qui contrastait avec le gris terne du ciel opaque. Deux larges fenêtres donnaient sur les verrières de l'usine de confection. Les grands carreaux de verre étaient peu homogènes et beaucoup étaient recouverts de feuilles métalliques d'étanchéité. L'ensemble encore teinté ça et là de peinture bleutée reflétait d'avantage la morosité des climats nordiques.

 

Il semblait ce jour là que la ville entière s'était liguée pour le confiner dans cet appartement, lieu de confort et de bien-être qui était devenu sa tanière, son Havre lorsqu'il ne voyageait pas. François savait cette douceur tendre du retour au nid qu'il s'était forgé. Il rêvait en contemplant un à un les objets familiers qui l'entouraient et qu'il avait glané aux quatre coins du monde.

 

François avait découvert ce grand appartement par hasard, par une conjonction de fuites. Fuites de son passé parisien, de ses aventures sans répit à la recherche de lui-même, de cette agitation incessante qu'est la vie d'une capitale. François avait fuit. Il cherchait à présent autre chose que les frottements de ces corps chauds et moites que lui permettaient la grande cité. Il cherchait l'unique, le corps qui lui apporterait ce calme, cette sérénité qui lui manquait.

 

L'appartement de la rue Marchienne venait à point à sa rencontre. Sans vraiment le chercher, en le désirant à peine, le pensant plutôt comme un songe qu'il n'osait se permettre, il le vit à la devanture d'une agence immobilière de la rue haute. Immédiatement, il sût qu'il l'avait trouvé. François savait que l'hésitation tue le désir et la réalisation de tout fantasme. Il avait cette expérience. Il ne lui fallut pas un mois pour tout engager. Une négociation rapide et efficace, quelques signatures et il se retrouva propriétaire de quatre vingt dix mètres carrés dans le plus vieux quartier de la ville.

L'installation se fit le 31 décembre et le réveillon seul dans l'appartement avec deux fauteuils 1950 et une table 1930. Il se souvenait bien, après toutes ces années de ce moment précis, de cette exaltation. Il était chez lui et se sentait déjà très bien. Le vide n'était qu'apparent. François ne mit pas non plus longtemps à habiter complètement l'espace. Les meubles de son deux pièces parisien ne tardèrent pas.

 


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